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11 février 1945
La conférence de Crimée entre les chefs des gouvernements des États-Unis d'Amérique, du Royaume-Uni et de l'Union des républiques socialistes soviétiques, qui eut lieu du 4 au 11 février, est arrivée aux conclusions suivantes :
I Organisation du monde Il a été décidé que :
1 ° Une conférence des Nations Unies sur l'organisation mondiale envisagée serait tenue le mercredi 25 avril 1945, aux États-Unis d'Amérique.
2 ° Les nations invitées à cette conférence seraient :
a ) Les Nations Unies, telles qu'elles existent au 8 février 1945 et
b ) Les nations associées qui, avant le 1er mars 1945, auraient déclaré la guerre
à l'ennemi commun. Lors de la conférence sur l'organisation du monde, les délégués
du Royaume-Uni et des États-Unis d'Amérique appuieront la demande d'admission
en qualité de membre originel de deux républiques socialistes soviétiques, nommément
l'Ukraine et la Russie blanche.
3 ° Le gouvernement des États-Unis consulterait, au nom des trois puissances, le gouvernement de la Chine et le Gouvernement provisoire français sur les décisions prises à la présente conférence, en ce qui concerne l'organisation du monde envisagée.
II Déclaration sur l'Europe libérée
La déclaration suivante a été approuvée :
Le Premier ministre de l'Union des républiques socialistes
soviétiques, le Premier ministre du Royaume-Uni et le président des États-Unis
d'Amérique [...] déclarent ensemble leur volonté commune de mettre en accord,
pendant la période temporaire d'instabilité de l'Europe libérée, les politiques
de leurs trois gouvernements, en vue de prêter assistance aux peuples libérés
de la domination de l'Allemagne nazie et au peuples des États d'Europe anciens
satellites de l'Axe, pour résoudre, par des voies démocratiques, les problèmes
politiques et économiques urgents. L'établissement de l'ordre en Europe et la
reconstruction de la vie économique nationale devront être réalisés par des
voies qui permettront aux peuples libérés de détruire les derniers vestiges
du nazisme et du fascisme et de créer des institutions démocratiques de leur
choix. Tel est le principe de la charte de l'Atlantique -droit de tous les peuples
à choisir la forme de gouvernement sous lequel ils désirent vivre, restauration
des droits souverains et de l'autonomie chez les peuples que des pays agresseurs
en ont privés par la force.
Pour favoriser les conditions dans lesquelles les peuples
libérés pourront exercer ces droits, les trois gouvernements prêteront ensemble
assistance aux peuples de tous les États européens libérés et des États anciens
satellites de l'Axe en Europe chez lesquels ils jugeront que la situation l'exige
en vue de, a ) établir les conditions de la paix intérieure, b ) prendre des
mesures d'urgence pour aider les individus plongés dans la détresse, c ) former
des gouvernements intérimaires largement représentatifs de tous les éléments
démocratiques de la population, qui s'engageraient à faire établir aussitôt
que possible, par des élections libres, des gouvernements répondant à la volonté
du peuple et, d ) faciliter, là où ce sera nécessaire, le processus de ces élections.
III Démembrement de l'Allemagne
Le Royaume-Uni, les États-Unis d'Amérique et l'Union des républiques socialistes soviétiques posséderont en Allemagne une autorité suprême. Dans l'exercice de cette autorité, ils prendront les mesures qu'ils estimeront nécessaires à la paix et à la sécurité futures, y inclus le désarmement, la démilitarisation et le démembrement de l'Allemagne.
IV Zone d'occupation pour la France et conseil de contrôle en Allemagne
Il a été décidé qu'une zone de l'Allemagne serait allouée à la France pour être occupée par les forces françaises. Cette zone serait prélevée sur les zones britannique et américaine et son étendue serait fixée par les Britanniques et les Américains, en accord avec le Gouvernement provisoire français. Il a été aussi décidé que le Gouvernement provisoire français serait invité à faire partie de la Commission de contrôle alliée en Allemagne.
V Réparations
L'Allemagne devra payer en nature pour les pertes causées par elle aux nations alliées pendant la guerre. Les indemnités de réparations devront être reçues en premier lieu par les contrées qui ont supporté le fardeau principal de la guerre. [...]
VII Pologne
La déclaration suivante a été acceptée par l'Assemblée :
Une nouvelle situation a été créée en Pologne à la suite de sa libération complète par l'armée Rouge. Cette situation exige l'établissement d'un Gouvernement provisoire polonais, auquel on pourra donner des bases plus larges qu'il n'était possible de le faire avant la récente libération de la partie occidentale de la Pologne. Le Gouvernement provisoire qui est maintenant en fonction en Pologne sera en conséquence réorganisé suivant des bases démocratiques plus étendues, avec l'inclusion de chefs démocrates se trouvant en Pologne même ou à l'étranger. Ce nouveau gouvernement prendra le nom de Gouvernement provisoire polonais d'Unité nationale. Le Gouvernement provisoire polonais d'Unité nationale s'engagera à procéder à des élections libres et sans entraves aussitôt que possible, sur la base du suffrage universel et du scrutin secret. Tous les partis démocratiques et antinazis auront le droit de participer à ces élections et de présenter des candidats. Les trois chefs de gouvernement considèrent que la frontière orientale de la Pologne devra suivre le tracé de la ligne Curzon, avec des écarts, en quelques régions, de cinq à huit kilomètres en faveur de la Pologne. Ils reconnaissent que la Pologne devra recevoir des cessions de territoires substantielles au Nord et à l'Ouest. Ils pensent que l'opinion du nouveau Gouvernement provisoire polonais d'Unité nationale devra être consultée en temps opportun, en vue de déterminer l'étendue des cessions, et que la délimitation finale de la frontière occidentale de la Pologne devra attendre ensuite la Conférence de la Paix.
J.V Staline
W.S. Churchill
F.D. Roosevelt
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